20 juin 2015 - Éphéméride de la densité

 

"Éphéméride de la densité" implique des dimensions géographiques (le parc linéaire de la Rivière-Saint-Charles), géologiques (des pierres découvertes sur le territoire) et astronomiques (la mécanique céleste). Dans cette perspective, ce projet tente de créer des liens abstraits et concrets, entre les personnes, corps, objets et phénomènes rencontrés, collectionnés et captés sur la durée d'un parcours. Avec un dispositif fabriqué sur mesure et alimenté à l'énergie solaire, un trajet de 32 km a été parcouru à pied, la veille du solstice.

Assemblé à partir de morceaux de bois, de béton, de métal, d'images et d'informations, le système est léger, mais lourd. Il a été conçu pour être inconfortable de tel sorte qu'il puisse imprégner le corps et même le contraindre (il rend la respiration difficile). Une partie du dispositif s'installe à la base du thorax alors que l'autre se porte sur le dos.

Le parcours donne à voir un paysage assemblé de substances, de pierres, de bois, de terre, d'organismes, d' architectures, d'images, de mots et de regards. Les éléments de cet assemblage opèrent entre-eux selon des rapports de forces. Flux et densité.

Le système reflète l'environnement, et inversement, l'environnement reflète le système. Bruit et géomorphologie.

La lumière alimente les images, mais elles ont besoin de l'obscurité pour être vues. Elles disparaissent dans la clarté du jour. Paradoxe.

La perception de l'information change selon la géographie, le temps qu'il fait et la mécanique céleste.

Parce qu'elle consiste à extraire du milieu 300 pierres qui seront mises en image et en calcul par des moyens informatiques, l'intervention prend la forme d'un processus d'abstraction. Les objets denses deviennent des espaces minces, inframinces. Carbone et silicium.

Extrait: 53 / 300 pierres.

Des étincelles dans un grain de sable. La densité est ce qui lie un corps à l'espace qu'il occupe ainsi qu'à l'espace qu'il l'occupe. Traversée, trace, transduction, traduction.

Le dispositif est le résultat d'un assemblage précaire de technologies et de matériaux brutes. L'ensemble est inconfortable à porter et est vulnérable aux intempéries. Il peut difficilement être associé aux activités usuelles, mais rappel tout de même des formes communes. Rencontres et croisements.

La forme, que prend le corps dans un milieu, détermine les relations. Le vêtement doit être "approprié". Ce vêtement est une technologie. L'espèce et la syntaxe.

L'énergie se mesure un temps, mais elle devient difficile à contenir. La mémoire finit par fuire.

Le système est intimement lié au milieu. Un astre alimente une machine, qui illumine des fragments de territoire. Or, ces morceaux de lumière finissent par se perdent. Le "ce qu'il reste" de cet espace(un assemblage d'images et de calculs) qui occupe encore la mémoire de l'objet, semble être aussi précieux qu'un fossile. Astroblème.

 

 

Crédits photographiques (documentation extérieure): Michel Boucher

Merci à Étienne Baillargeon (Atelier LLB), Marie-Fauve Bélanger, Michel Boucher et Audrée Demers-Roberge.